Fini le coup de feu de midi, le bruit des couverts et le brouhaha en salle. Depuis mi-mars, la majorité des restaurants annéciens ont baissé le rideau suite au confinement. Mais certains d’entre eux n’ont pas lâché les fourneaux pour autant.
Le menu du jour à la maison
À l’image de Lionel Martinet-Andrieux, chef du restaurant «Le 20 sur Vins», passage Golliardi en vieille ville. « On essaye de s’adapter en organisant un service de livraison pour nos clients habitués », explique le patron, qui fait aussi de la vente à emporter désormais. En s’approvisionnant chez de « petits producteurs », ce dernier élabore un menu du jour communiqué sur Facebook et servi dès le lendemain.
Débuté fin mars, ce service commence timidement avec quelques commandes. « Ce n’est pas ce qu’on vend aujourd’hui qui nous permet de gagner des sous, mais ça permet de garder un lien avec nos clients », précise-t-il. La suite dépendra de la situation financière du restaurant : « On voit ce qu’on peut acheter et, quand on ne pourra plus, on verra… »
Le chef fait boucher et boulanger
Son confrère Daniel Baratier propose également des plats à récupérer sur place depuis mi-mars. Le chef de «L’Auberge Sur les Bois» à Annecy-le-Vieux ne s’attendait pas à un tel succès dès le départ avec une soixantaine de burgers écoulés. « Je me suis fait «déboîter» ! J’ai été surpris », sourit-il.
Le cuisinier sert une partie de sa carte de bistrot. « C’est pour qu’on puisse avoir un peu de trésorerie, et l’éleveur et le vigneron aussi, pour que l’économie puisse continuer à tourner », raconte-t-il. Car, au pain et aux vins qu’il vendait déjà avant la crise sanitaire, Daniel Baratier a ajouté des pièces de boucherie. Cela permet de conserver un débouché pour les producteurs. « Comme les restaurants sont fermés, ils ne peuvent pas les écouler. »
Ses clients, qui le contactent par SMS, viennent du voisinage et récupèrent leurs plats sur le trottoir devant le restaurant. « Ça doit les changer de leur quotidien, et moi je n’aime pas rester à rien faire. » Son personnel, lui, est au chômage technique.
Le resto se change en épicerie
À l’inverse, François Stefanaggi a complètement repensé son restaurant. « On a eu l’idée deux ou trois jours avant [le confinement, NDLR] de se transformer en épicerie citoyenne pour pallier la fermeture des restaurants », indique le cogérant de «Vinistrot», rue Perrière. L’objectif étant, là aussi, de « maintenir une activité » et de « continuer à faire vivre nos fournisseurs ».
Sur ses étals, il affiche des produits locaux (fruits, légumes, poissons, viandes…) à prix coûtant, plus « la TVA et les euros nécessaires au maintien de la société », assure-t-il. Selon lui, « l’accueil est exceptionnel » et « le quartier descend dans la rue » pour s’approvisionner.
Ce service, qui permet de faire travailler « deux ou trois des cinq salariés », se développe d’ailleurs depuis quelques jours avec un site de vente en ligne et un système de livraison. François Stefanaggi compte bien garder cette recette lorsque les restaurants pourront rouvrir. « C’est quelque chose qui va perdurer. On a une vraie demande là-dessus. »
Date de mise à jour : 08/04/25
Date de création : 06/04/20
Source : Maxime Petit